La Chine est de loin le plus grand créancier des Etats-Unis, derrière le Japon. Pour être juste, il faut aussi mentionner ici que l’augmentation massive de la dette publique de nombreux pays – en particulier celle des Etats-Unis – a entraîné un certain effet de diversification. Alors qu’entre 2004 et 2006, le Japon (le plus grand créancier incontesté des Etats-Unis) et la Chine détenaient encore près de 50% de tous les titres de créance américains, ils n’en détenaient plus «que» 25% en 2022. Est-ce un problème ou quel est l’effet des restrictions à l’exportation/importation et des droits de douane introduits depuis la présidence Trump?
D’un point de vue américain, les importations en provenance de Chine diminuent en effet massivement dans certains domaines. Les secteurs les plus touchés sont les meubles, les chaussures, les jouets,
les vêtements et les équipements électroniques. Mais ce qui est douloureux, c’est que la dépendance vis-à-vis de la Chine a fortement augmenté pour les matières premières d’importance stratégique. Ainsi, sur 51 minéraux qu’ils considèrent critiques, les États-Unis en importent 12 principalement de Chine, parfois à 100 %, comme l’arsenic et le gallium. Pour les investisseurs, il en résulte au moins deux conséquences.
La première concerne l’endettement en général. L’endettement des États, des entreprises mais aussi des particuliers a massivement augmenté depuis la crise financière et a entre-temps pris des dimensions sans précédent dans l’histoire (en dehors des périodes de guerre). Il s’agit d’un problème mondial et structurel qui peut rapidement dégénérer en panique, comme cela s’est produit à plusieurs reprises dans le passé. En effet, les dettes sont synonymes de dépendance, dans la mesure où l’on part du principe qu’elles seront remboursées. Cela ne pose pas de problème en soi en cas de «beau temps». Mais si les conditions politiques ou l’environnement changent, comme par exemple le niveau nettement plus élevé des taux d’intérêt depuis près de deux ans, cela peut devenir un risque sérieux. C’est pourquoi il est indispensable que les investisseurs surveillent de près l’endettement de leurs titres. Cela vaut en particulier pour les investissements en actions, mais aussi en obligations.
Pour en revenir à la question des États-Unis et de la Chine, il en va de même, bien entendu. Mais dans ce cas, les risques politiques s’y ajoutent, ce qui renforce l’importance d’y regarder de près. Un aspect intéressant est que les entreprises chinoises, du point de vue de l’endettement, se portent en moyenne mieux que les entreprises américaines (et européennes). Si l’on compare le taux d’endettement des entreprises du MSCI Chine (49,6%) à celui du MSCI USA (72,1%), on constate que les entreprises chinoises sont en moyenne nettement plus solides que les entreprises américaines. Mais contrairement au MSCI USA, l’endettement du MSCI Chine a nettement augmenté depuis 2021, alors que celui du MSCI USA, partant d’un niveau élevé, a diminué ces dernières années.
Il est fort probable que les entreprises américaines soient actuellement beaucoup plus présentes dans les portefeuilles d’actions sous nos latitudes que les entreprises chinoises. C’est pourquoi il vaut la peine de prendre en compte, outre l’endettement général, d’autres points concernant notamment la dépendance vis-à-vis de la Chine. De nombreuses entreprises, surtout dans le secteur informatique, sont très dépendantes de la Chine. Dans le S&P 500 – l’indice américain le plus large – 8 des 10 entreprises les plus exposées à la Chine proviennent du secteur informatique. La plus grande part du chiffre d’affaires total réalisée en Chine revient à Qualcomm (64%), suivie de Monolithic Power (52%) et de Texas Instruments (49%). Dans le contexte politique actuel, il est certainement légitime de se demander si cela représente un risque d’investissement.
Chez Hèrens Quality Asset Management (HQAM), nous nous concentrons depuis plus de 20 ans sur les investissements en qualité de gestion d’entreprise. C’est pourquoi nous considérons qu’un bilan solide et stable ainsi qu’un compte de résultat durable constituent une condition préalable au bon fonctionnement de la gestion des risques. Depuis que les tensions politiques autour du globe ont à nouveau augmenté, nous considérons qu’il est important de tenir compte non seulement de la qualité économique fondamentale des investissements, mais aussi, par exemple, de la dépendance vis-à-vis de la Chine. Dans notre portefeuille Quality USA, 72% des entreprises ont actuellement une part de chiffre d’affaires en Chine qui est inférieure à 10%. Il s’agit bien sûr d’un aspect parmi d’autres lors de la décision d’investissement. De notre point de vue, il faut au moins le connaître pour pouvoir prendre une décision d’investissement en toute connaissance de cause et pour éviter les mauvaises surprises selon la situation.